Bienvenue à Publiek Park au Jardin botanique de Meise !


27 juin – 28 septembre 2025
Cet été 2025, Publiek Park revient avec la troisième édition de ce projet d’art contemporain nomade, explorant les parcs et jardins urbains en tant qu'espace d'exposition. Cette édition invite les visiteurs à voyager à la fois dans le temps et dans l'espace, puisqu'elle évolue en deux chapitres - du Plantentuin Meise au Jardin Botanique de Bruxelles, du site actuel au site d'origine du jardin botanique.

L'exposition rassemble des œuvres de onze artistes locaux et internationaux, chacun présentant deux œuvres : l'une à Meise, l'autre à Bruxelles ; l'une nouvellement commandée, l'autre pré-existante. Ces deux jardins offrent des perspectives distinctes sur le rôle des espaces verts et de l'horticulture dans la vie urbaine contemporaine, et leurs contextes permettent de mettre en lumière différents aspects de la pratique des artistes. Alors que l'exposition au Plantentuin Meise consiste en des installations plus permanentes et statiques, exposées pendant trois mois, le volet au Jardin Botanique se concentre sur des œuvres éphémères, temporales  se déroulant sur  onze jours de septembre.

Le parcours, composé de onze interventions artistiques dans le Plantentuin Meise, guide les visiteurs à travers un éventail de récits : des jardins en tant que complexes architecturaux et administratifs qui classifient et contiennent la nature, aux réflexions sur les plantes en tant que marchandises au sein des réseaux commerciaux mondiaux. En cours de route, il invite à des rencontres avec la coévolution des espèces, des êtres hybrides imaginaires et une flore dont l'histoire s'entrelace avec des histoires personnelles de migration et de colonialisme.

Ces œuvres s'étendent à des récits spéculatifs, puisant dans les connaissances médicinales, technologiques et scientifiques, les traditions indigènes, les lacunes linguistiques, les souvenirs intimes et les fictions scientifiques.Avec pour philosophie la compréhension des spécificités et des sensibilité du site, Publiek Park invite les artistes à se confronter aux textures spécifiques des espaces verts publics - leurs écologies changeantes, leurs traces architecturales et leurs histoires stratifiées. Le projet se déploie comme un itinéraire pédestre à travers les résidus de l'histoire vers des futurs pas encore cartographiés, de la recherche botanique à la réflexion sur la vie contemporaine.

L’exposition est commissariée par Jef Declercq, Anna Laganovska, Koi Persyn et Adriënne van der Werf, assistés de Lana Jones, Alise Pētersone et Jean Watt.

Publiek Park 2025 est réalisé en collaboration avec CC Strombeek, Plantentuin Meise, Botanique, Brussels Environment, Wiels, Art Cinema OFFoff, TRACK, Level Five, LUCA School of Arts, 019 et d’autres partenaires.

Le projet bénéficie du généreux soutien du Gouvernement flamand, de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, du Fonds Mondriaan, de l’Ambassade de France en Belgique, de l’Institut français, de la Fondation d'État pour la culture de Lettonie (VKKF), du Ministère fédéral de la République d’Autriche (BMKÖS), de la Commission communautaire flamande (VGC), de Pro Helvetia, de la Collection familiale Servais, Harlan Levey Projects, Gauli Zitter, Nesse et d’autres encore.




Pour en savoir plus sur les œuvres, cliquez sur le nom de l’artiste.

1. Office for Joint Administrative Intelligence

      emplacement: Herbarium

O.J.A.I. Echo, 2025
Installation sonore, sons modulaires, paroles parlées, plan architectural

À Plantentuin Meise, l’Office for Joint Administrative Intelligence s’intéresse au jardin en tant qu’entité institutionnelle, qui traite, contient et régule la nature par le biais d’opérations administratives. L’“Herbarium”, un immeuble de bureaux moderniste des années 1960, qui gère le jardin comme une archive vivante, est perçu comme un complexe architectural et administratif composé de classeurs, de tiroirs, de couloirs, d’impasses et de béton silencieux - un site de classification et de confinement.

Le 27 juin, lors de la soirée d’inauguration de Publiek Park, une performance intitulée Institutional Overgrowth aura lieu à l’Herbarium. Dans une activation sonore et vocale du bâtiment, les deux agents de l’O.J.A.I. délivreront des listes entrelacées : Liste A (insurrection écologique) et Liste B (procédures bureaucratiques et effondrement). Ces listes sont ponctuées d’enregistrements de terrain et de sons spéculatifs : pulsations d’insectes, brassages taxinomiques et bourdonnements architectoniques. Une annonce publique interrompue se répète au début de l’œuvre, assujettissant l’atmosphère au chronométrage, à l’enfermement et à l’autorité : “Ce bâtiment fait l’objet d’une surveillance procédurale permanente. L’accès au-delà des zones publiques est strictement interdit.”

Après la performance, l’installation sonore The Echo résonnera dans le bâtiment comme un résidu obsédant, suggérant un espace marqué de manière rituelle, perturbé de manière procédurale et acoustiquement envahi. Éructés à travers quatre haut-parleurs Tannoy - un système sonore généralement utilisé pour les annonces publiques - des fragments des listes susmentionnées, des bourdonnements d’infrastructure et des annonces entrecoupées circulent dans une boucle de catégorisation sans fin.

The Echo est accompagné d’un grand plan imprimé, provenant des archives de l’Herbarium: à la fois document architectural et carte spéculative, annoté de marginalia, de marquages procéduraux et de catégories spatiales fictives.


2. Roy Köhnke

       emplacement: Arche Verte

Escap' in(g)to You, Trap series, 2024
Acier inoxydable

Evolv' in(g)to You, Trap series, 2024
Acier inoxydable

High touch #1, Parade series, 2024
Acier inoxydable, tissu

Extreme Softness, Magnetic Tendencies series, 2024
Animation vidéo 3D, 3'38"
3D : Guillaume Seyller
BO : Talita Otovic, +/+, 2024
Coproduction MO.CO, Montpellier et Fondation des artistes

L’Arche verte, l’extension architecturale la plus récente de Plantentuin Meise, accueille des activités botaniques centrées sur la préservation de la biodiversité. Dans l’une de ses serres - où les plantes sont souvent stockées temporairement - Roy Köhnke présente une installation composée d’œuvres issues de trois séries en cours. À travers celles-ci, l’artiste explore la manière dont les corps se construisent - à la fois socialement et physiquement - par le biais de rencontres avec d’autres corps.

Deux sculptures en acier inoxydable de la série Trap sont soutenues par des structures semblables à des cadres. Leurs formes acérées évoquent des organismes hybrides et biomorphiques, comme s’ils émergeaient d’un futur inconnu. Reposant sur la structure de soutènement, deux œuvres de la série Parade renvoient à la matérialité des filets de camouflage. Ces formes suggèrent des idées de violence et de protection, ainsi que la capacité de certaines variétés de plantes et d’insectes à transformer la surface de leur corps en bouclier visuel. Le tissu révèle également une douceur inattendue face à la dureté de l’acier, tandis que le film filtre, colore et diffracte la lumière qui le traverse, scintillant en différentes nuances selon la position du spectateur.

Le film d’animation Extreme Softness, issu de la série Magnetic Tendencies, fait référence au processus de coévolution, dans lequel les morphologies de certaines espèces de plantes et d’insectes s’adaptent les unes aux autres, principalement à des fins de reproduction. Ces espèces comprennent notamment les orchidées et les papillons de nuit, ainsi que les figues et les guêpes. L’installation évoque une subtile écologie du toucher, où l’acier, le film et l’animation retracent les relations entre les corps, dessinant une délicate chorégraphie du devenir mutuel.

La participation de l’artiste à Publiek Park est rendue possible grâce au soutien de l’Ambassade de France en Belgique et de l’Institut français, dans le cadre d’EXTRA, un programme de soutien à la création contemporaine française en Belgique.


3. Līga Spunde

       emplacement: à l’entrée du Palais des Plantes

Eden is exhausted too, 2025
Dessin numérique

Placées de part et d’autre de l’entrée du Palais des Plantes, deux bannières dépeignent des mondes fictifs peuplés de créatures mystérieuses, intitulées Eden is exhausted too. L’une des références de ces peintures numériques est l’œuvre de Jérôme Bosch, en particulier le triptyque Le Jardin des délices terrestres. Faisant écho à l’iconographie spatiale d’un retable, les panneaux de gauche et de droite du chef-d’œuvre de Bosch représentent respectivement les sauvés et les damnés.

Une autre source d’inspiration clé dans l’œuvre de Līga Spunde est le domaine de la cryptozoologie, qui a vu le jour en Belgique avec des figures centrales telles que Bernard Heuvelmans et Alika Lindbergh. Définie comme une pseudo-science et une sous-culture, la cryptozoologie étudie les espèces animales folkloriques ou éteintes dont l’existence reste contestée ou non vérifiée.

Les mondes décrits dans les peintures de Spunde résonnent avec la multitude de biomes représentés dans le vaste complexe de serres, faisant allusion à des créatures non identifiées et insaisissables qui pourraient les peupler. Certaines de ces entités semblent s’être échappées des peintures et sont dispersées, sous forme de sculptures, sur le terrain de Plantentuin Meise. Les visiteurs sont invités à découvrir ces créatures au cours de leur voyage dans le jardin botanique, en suivant les indices codés dans l’imagerie.

L’œuvre de Līga Spunde est réalisée avec le soutien de la Fondation nationale de la culture de Lettonie (VKKF).


4. Judith Kakon

       emplacement: Palais des Plantes

Iris series, 2024/2025
Céramiques émaillées imprimées en 3D

Le complexe de serres du Palais des Plantes abrite des milliers d’espèces végétales réparties en biomes, du désert aride à la forêt tropicale. Les œuvres de la série Iris de Judith Kakon sont disséminées à travers les différents climats. À première vue, ces sculptures en céramique ressemblent aux conteneurs en plastique standardisés utilisés pour le transport des fleurs dans le monde entier. En réalité, elles sont produites par impression 3D et soigneusement émaillées à la main dans différentes couleurs. Sensibles à leur environnement, les œuvres semblent, à certains moments, presque inopinées - des interventions modestes subtilement insérées dans l’environnement de la serre.

En évoquant les pots empilables produits pour le commerce floral, la série traite des systèmes logistiques qui soutiennent cette industrie et des bulles économiques qu’ils ont suscitées, notamment la “Tulip mania” des Pays-Bas du XVIIe siècle, où les prix des bulbes ont grimpé en flèche, atteignant des sommets extraordinaires.

Leur présence dans le Palais des Plantes souligne la construction intrinsèquement artificielle d’un jardin botanique, où les questions d’origine et de déplacement sont toujours en jeu. Plus précisément, l’histoire des conteneurs utilisés pour transporter les plantes remonte aux caisses wardiennes, autrefois employées par les « chasseurs » de plantes belges pour acheminer des espèces du monde entier vers les jardins botaniques. Ainsi, les œuvres de Judith Kakon s’inscrivent dans les processus économiques de circulation et d’appropriation des plantes.

Le titre de la série, Iris, situe également les œuvres dans le contexte géographique de la Belgique, par un clin d’œil fortuit à la fleur emblématique de Bruxelles, qui prospérait autrefois sur les rives marécageuses de la Senne. Les œuvres s’enracinent ainsi délicatement dans le lieu de l’exposition, tout en évoquant des liens plus vastes entre la botanique, le commerce et le territoire.

La participation de l’artiste à Publiek Park est soutenue par Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture.


5. Bianca Baldi

       emplacement: Palais des Plantes, biome savane

Hear her calendar system a year of thirteen months, 2025
Installation sonore, 19'07

Au centre du complexe de serres du Palais des Plantes, le biome de la savane abrite un Ficus sycomorus, ou figuier sycomore. Originaire d’Afrique, au sud du Sahel et au nord du tropique du Capricorne, cette espèce peut atteindre jusqu’à vingt mètres de haut à l’état sauvage, formant une couronne dense et arrondie de branches déployées. En revanche, sous serre, l’arbre reste relativement petit et délicat.

L’album de famille de Bianca Baldi témoigne du voyage migratoire qui a conduit sa famille d’Italie en Afrique du Sud, incluant des photographies du déploiement militaire de son grand-père en Éthiopie. Dans l’une de ces images, Baldi découvre un figuier sycomore luxuriant, devenu la figure centrale de sa recherche et le point de départ de son film Hear her calendar system a year of thirteen months, actuellement présenté au WIELS dans le cadre de l’exposition Magical Realism.

Dans ce film, l’arbre est envisagé comme un témoin “au-delà de l’humain” des cycles du temps, de la résistance et de la régénération. Un poème, interprété par la chanteuse sud-africaine Gabi Motuba, accompagne un document illustré : le scan d’un figuier sycomore en Éthiopie – seul pays au monde à utiliser un système calendaire à treize mois – reflétant l’histoire coloniale de l’exploitation des terres, tout en amorçant un mouvement vers les imaginaires du futur.

Dans le prolongement du film présenté au WIELS, une œuvre audio résonne dans la serre de la savane, en hommage au figuier sycomore qui y pousse. Elle tisse des mélodies chantées par Gabi Motuba avec des enregistrements contemporains de l’environnement d’origine de l’arbre.

L’œuvre de Baldi à Plantentuin Meise est coproduite par le WIELS, Bruxelles.


6. Gabi Dao

      emplacement: Pavillon de la chasse

Sweet Blood in Stagnant Waters, 2025
Vidéo, 27'00

Dans le Pavillon de chasse, l'une des folies qui ponctuent le parc de Plantentuin Meise, Gabi Dao présente l'installation vidéo Sweet Blood in Stagnant Waters. Cette œuvre a été partiellement filmée dans les jardins botaniques, dans des lieux clés tels que la serre Balatkas, visible depuis le Pavillon.

S'inspirant de la science-fiction, du fantastique et du body horror, le film se focalise sur la figure du moustique, en s'appuyant sur les recherches que Gabi Dao a entreprises à Meise sur la famille des plantes Rubiaceae et sur l'espèce cinchona, connue pour produire un ingrédient clé du traitement contre le paludisme. Trois personnages cyborgs, appelés Anges, ont quitté la Terre pour s’installer sur une planète de substitution. Là, ils sont hantés par un mutant humain-moustique, l’enfant à naître du personnage de Mary, qui les suit à travers des paysages spatiaux oniriques et vaguement identifiables, imprégnés de l’histoire du colonialisme, de l’extraction des ressources et de l’industrie. Les scènes passent d’une ancienne cimenterie à des espaces botaniques verdoyants, d’un laboratoire à des salles d’archives, jusqu’à une chambre à coucher.

Dans ces décors, les relations entre les personnages se déploient à travers des dialogues qui témoignent de la porosité des échanges intimes et homosexuels que les humains et les « extra-humains » peuvent entretenir entre eux et avec leur environnement. À rebours de toiles de fond troublantes, se fragmentant en réalités multiples et en images macro-cinématographiques, des moments de filiation et d’appartenance émergent, portés par la poursuite de l’optimisme face aux crises et à l’aliénation.


7. Josse Pyl

       emplacement: à côté du Pavillon de la chasse

Ohhh…SPIT SMACK CHEW REPEAT!, 2025
Porcelaine émaillée

En marchant entre le pavillon de chasse et la serre de Balat, des centaines de molaires aux couleurs vives émergent des pentes herbeuses. Ces pièces de porcelaine constituent l’installation à grande échelle Ohhh... SPIT SMACK CHEW REPEAT ! de Josse Pyl. Pyl travaille principalement avec le dessin et la sculpture, explorant les origines du langage et des symboles. Des motifs tels que les molaires, les dents et les langues désignent le corps comme le lieu physique où le langage prend forme, où le son est façonné et où le sens commence.

L’ensemble de cette centaine de dents dessine les contours d’une figure en pleine chute, tracée d’une seule ligne continue. Ce langage visuel frétillant, enfantin, évoque la manière dont les enfants expérimentent la parole et le langage - riche en confusion, encore non façonné par les conventions. Suivant la ligne du personnage, des signes de ponctuation apparaissent, reliant le corps à la bouche (presque comme des intestins), illustrant le cri comme l’une des formes d’expression les plus élémentaires.

Par ailleurs, la composition évoque un geste primitif : tracer le contour d’un corps comme une première forme d’écriture et de signification. Cependant, l’absence du corps projette une ombre troublante - tout comme les molaires, désormais détachées de la bouche.

Le titre capture ces actes instinctifs du langage avant que la structure n’émerge complètement. En le lisant à haute voix, on prend conscience de l’intimité physique de sa propre bouche, tandis que les sons se transforment en gestes et se déploient dans une répétition impulsive, perdant peu à peu leur sens. Entre le 3 et le 14 septembre, Ohhh... SPIT SMACK CHEW REPEAT ! sera partiellement délocalisé au Botanique, à Bruxelles, pour le deuxième chapitre de Publiek Park.

Les œuvres de Josse Pyl pour Publiek Park ont été produites avec le soutien de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas et du Mondriaan Fonds.


8. Elise El Yousfi

      emplacement: l’Arboretum de Dahlgren

Wind Regards, Blind Regards, 2024/2025
Acier, céramique émaillée, cendre, poudre pour bébé, billes d'acier provenant du Maroc

Dans l’Arboretum Dahlgren, l’ensemble sculptural d’Elise El Yousfi se dresse au milieu d’une collection de plantes à fleurs ligneuses. Quatre sculptures cinétiques, dont les éléments tournent au gré du vent, rappellent les formes des plantes autant que les lanternes de rue, les hochets pour bébés ou les instruments folkloriques. Associées à des perles d’acier provenant du Maroc, où se trouve la maison d’enfance de son père, les sphères attachées aux bras métalliques produisent des sons. Pour Elise El Yousfi, ce son fait écho à l’expérience de l’écoute d’une langue étrangère: une abstraction qui naît lorsque la parole résiste à la signification.

Ces objets sont conçus pour évoquer un sentiment de nostalgie et de familiarité, comme un retour à un espace qui précède le langage et la narration – le champ de l’inconscient et la logique visuelle des rêves. L’utilisation précise et répétitive par l’artiste de matériaux tels que la céramique, la dentelle, le dessin et le talc pour bébé forme un vocabulaire matériel qui, comme le langage dans la poésie, se déploie en de nouvelles constellations à chaque installation. Dans sa pratique, l’écriture est le point de départ, faisant écho aux souvenirs personnels dans un langage visuel à la fois intime et universel.

Tout en intégrant des références poétiques à l’enfance, les œuvres d’Elise El Yousfi sont créées pour évoquer un sentiment ludique. Inspirées en partie par les terrains de jeu, ses sculptures invitent les visiteurs à s’engager, à les explorer non seulement visuellement, mais aussi par le toucher, l’odeur et le son.

L’emplacement de l’Arboretum Dahlgren fait référence au système de classification botanique du même nom – une taxonomie moderne qui organise les arbres et les arbustes en familles. De même, l’œuvre d’El Yousfi cherche à renouer avec l’histoire de son propre arbre généalogique, en retraçant les racines au-delà de la distance géographique.


9. Myrthe van der Mark

       emplacement: Serre de Victoria 

Sein Vater ist die Sonne, und seine Mutter ist der Mond. Der Wind trug es in seinem Bauche, und seine Amme ist die Erde, 2025
Série de quatre préparations à base de millepertuis, vase en verre de Serax trouvé chez Rotor Deconstruction

her phone reading: the moon in June falls mainly on the spoon,  2025
Solum Öl de WALA, Terre d’Hermès de Hermès

not for ourselves alone, 2025
Installation sonore

L’installation de Myrthe van der Mark prend place dans la serre Victoria, ou Balatkas, une structure octogonale conçue en 1854 par Alphonse Balat, architecte de la cour de Léopold II. Déplacée du Jardin botanique de Bruxelles à Meise en 1941, elle reste l’une des structures les plus emblématiques du Plantentuin.

L’installation s’inspire des traditions hermétiques et des enseignements de Rudolf Steiner, dans lesquels l’artiste a grandi. Publiek Park s’ouvre à une période symbolique : l’anniversaire de son père défunt et la Saint-Jean – fête du solstice marquant l’un des jours les plus longs de l’année et la naissance de Jean-Baptiste.

Une plateforme octogonale reflète la lucarne de la serre et présente quatre préparations de millepertuis – baume, savon, infusion, aquarelle – récoltées et distillées par l’artiste. Contenues dans des vases anthropomorphes, elles renvoient à la source alchimique du titre : “Sein Vater ist die Sonne, und seine Mutter ist der Mond. Der Wind trug es in seinem Bauche, und seine Amme ist die Erde/ Son père est le Soleil, sa mère la Lune. Le Vent l’a porté dans son ventre, sa nourrice est la Terre” – extrait de la Tabula Smaragdina, texte fondamental pour Steiner. Dans le jardin médiéval, huit millepertuis entourent quatre myrtes, formant un octogone vivant.

L’artiste a également collaboré avec des enfants de l’école Steiner de Bruxelles – située rue du Millepertuis – pour interpréter des chants du solstice. Leur enregistrement, not for ourselves alone, résonne dans la serre alors que les nuits rallongent.

Les fenêtres sont enduites de Solum oil – utilisé pour oindre les pieds de son père en fin de vie – et parfumées à Terre d’Hermès. En latin, solum signifie sol, mais aussi “seul”. En botanique, il désigne la couche vitale qui soutient la vie. Produit par la société steinerienne WALA (Wärme, Asche, Licht, Asche), l’huile évoque la transformation. Le parfum, lui, invoque Hermès, dieu des passages et guide des âmes. Cette traversée – entre enfant et parent, vie et mort – se manifeste dans l’œuvre par le toucher, l’odeur et la présence.

Les œuvres de Myrthe van der Mark pour Publiek Park sont coproduites par le Botanique – Centre Culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avec le soutien de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas et du Mondriaan Fonds.


10. Jura Shust

       emplacement: Labo du BOIS

Leaving an Annual Growth at the Top: Succession, 2024
Tronc d'épicéa, résine, acier inoxydable

Neophyte III: On the Eve of the Shortest Night, 2023
Vidéo Ultra HD, 14'04"

Two or Three Girths Wide, 2024
Bois d'épicéa, résine, acier inoxydable

Coniferous Succession, 2023
Son stéréo, 9'06"

Les œuvres de Jura Shust, comprenant des sculptures, des vidéos et des pièces audio, sont situées à l’intérieur et autour du Labo du BOIS. Ce laboratoire raconte l’histoire du bois à partir de la collection anciennement exposée au Musée de la forêt, autrefois installé dans le bâtiment du Botanique à Bruxelles. Les interventions artistiques de Shust, fondées sur ses recherches sur les pratiques ethnoreligieuses indigènes des peuples slaves, superposent un récit alternatif à cette exposition éducative. Ses œuvres activent des modes de pensée symboliques et mythologiques, ravivant une relation éco-spirituelle avec la nature tout en repensant l’idée de progrès technologique.

Parmi les écrans éducatifs de l’exposition, la vidéo Neophyte III : On the Eve of the Shortest Night revisite la cérémonie traditionnelle slave du Kupala, marquant le solstice d’été, et qui se déroule la semaine de l’ouverture de Publiek Park. Selon la mythologie slave, la nuit du Kupala, les animaux, les arbres et les herbes acquièrent le pouvoir de la parole et du mouvement, tandis que le feu et l’eau deviennent des forces de purification et de renouveau.

Les deux œuvres Leaving an Annual Growth at the Top II et Neural Seedlings utilisent le bois d’épicéa comme support. La première, en référence au concept slave du bois sacré - que l’on peut considérer comme une forme précoce de réserve écologique - encapsule un tronc d’épicéa dans de la résine, provenant de la plus ancienne forêt européenne, Białowieża. La seconde est une série de panneaux découpés à la machine, présentant des reliefs phytomorphes remplis de terre, puis enrobés de résine synthétique, incarnant les empreintes fossilisées de semis de conifères générés par l’IA.

L’autre sculpture, Two or Three Girths Wide, fait référence aux anciennes pratiques funéraires, où un arbre servait de récipient pour le corps d’un défunt. Les marques excessives sur ces panneaux suggèrent que l’arbre est mort au cours du processus de récolte.

À l’extérieur du Labo du BOIS, à hauteur de la section transversale d’un séquoia de plus de mille ans, se trouve l’œuvre audio Coniferous Succession, qui raconte une histoire inspirée de la divinité slave de la forêt, Leshy.


11. Helen Weber & Isa Schieche

       emplacement: Le Temple de l’Amitié

Gay by Nature, 2025
Installation cinématographique, vidéo 2K, 21'30", objets en épicéa, bois de noyer, frêne, noisetier, peuplier et lin.

Au Temple de l’Amitié, un pavillon niché dans la verdure, Isa Schieche et Helen Weber présentent une installation cinématographique, Gay by Nature, dont certaines parties ont été filmées au Plantentuin Meise et au Jardin botanique de Bruxelles.

Situé dans un futur proche, le film imagine un monde où la montée des forces nationalistes et de droite a conduit à l’instauration d’un régime fasciste. Faisant écho au régime nazi un siècle plus tôt, cette nouvelle Autorité mène des expériences secrètes sur les humains. Pour tenter de créer un surhomme, elle combine l’ADN de grands félins et d’humains. Les expériences se soldent toutefois par un échec inattendu pour l’élite fasciste : tous les sujets testés s’avèrent être de grandes lesbiennes pacifiques. Alors que le programme est interrompu pour des raisons morales, invoquant la nécessité de protéger les valeurs familiales traditionnelles, les sujets restants sont confinés dans un enclos en liberté, vivant leur vie pour le divertissement des visiteurs.

Incorporant des éléments musicaux, Gay by Nature est une interprétation contemporaine du Heimatfilm – un genre de cinéma populaire germanophone de la fin des années 1940 aux années 1960, connu pour ses histoires sentimentales se déroulant dans des paysages ruraux idylliques, et pour l’accent mis sur des thèmes tels que le foyer, la tradition et les valeurs morales.

Pour certains, le Temple de l’Amitié peut rappeler le salon du même nom tenu par Natalie Clifford Barney dans le Paris du début du XXe siècle, fréquenté par les figures de proue de la scène littéraire moderniste parisienne. En écho à l’intrigue du film de Schieche et Weber, Barney, qui publiait souvent sous le surnom de l’Amazone, vivait ouvertement en tant que lesbienne et écrivait abondamment sur le féminisme et le pacifisme.

Au-delà de ce parallèle historique, le récit dystopique du film résonne également avec certains épisodes du passé colonial de la Belgique - la coercition violente de “l’autre” se manifestant jusqu’à très récemment, notamment lors de l’Expo 58, qui se tenait la même année que l’inauguration du Plantentuin Meise.

Cette œuvre d’art a été réalisée avec le soutien du ministère fédéral de la République d’Autriche (BMKÖS)



 
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